Prospective - Rapport Vigie 2020 – Scénarios de ruptures à l’horizon 2040-2050

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Extrait du document de synthèse édité par Futuribles International

 

Scéarios 2040-2050

 

La crise sanitaire liée à la COVID 19 a rappelé que prévoir les crises ne suffit pas à s’y préparer : des crises sanitaires de ce type avaient en effet été envisagées par des travaux de prospective.

Ce rapport est donc une invitation à s’interroger sur les situations nouvelles qui peuvent émerger à moyen et long termes.

Ces ruptures apparaissent-elles plausibles et importantes ?
Peut-on s’attacher à les favoriser, à les freiner, à les influencer ?
De quelles opportunités sont-elles porteuses à l’échelle des territoires, des organisations entreprises, associations, collectifs ….
Comment s’en saisir ?
Quelles menaces représentent-elles ? Comment s’en prémunir ?
Quelles autres ruptures devrait-on envisager et prendre en considération ? Etc

 

Dans le rapport de Futurible International, 16 scénarios de rupture à l’horizon 2040-2050 ont fait l’objet d’une analyse approfondie.

 

CHAMP 1 – HABITER UNE PLANÈTE AUX RESSOURCES LIMITÉES ET EN DÉGRADATION RAPIDE

 

1. En 2050, le réchauffement climatique atteint 3° et modifie l’habitation de la Terre

Des territoires deviennent inhabitables (zones côtières et territoires d’Asie du Sud-Est, Sahel et au Moyen-Orient).

Plus d’un milliard de personnes sont concernées. Le Groenland, la Sibérie et certains territoires des pays d’Europe du Nord attirent population et investissements pour exploiter les terres agricoles et ressources géologiques accessibles par la fonte des glaciers.

 

2. En 2050, la gestion des migrations de masse est devenue le problème mondial N°1

Une stratégie internationale de relocalisation des populations touchées est déployée par la plate-forme sur les déplacements liés aux catastrophes à l’initiative de l’UE.

 

3. En 2050, écologie de synthèse et géo-ingénierie comme réponses aux dégradations des écosystèmes.

On distingue les outils qui cherchent à  :

-maîtriser même partiellement, un facteur climatique en amont ( pluie, émission de CO2…) en agissant sur l’environnement,

- réduire les effets directs de certains facteurs géophysiques en amont sur les territoires ( réduction de la fonte des glaciers par emballage…) ,

- développer les capacités de résistance et de résilience des espèces végétales et animales,

- s’extraire du cadre environnemental en créant des bulles préservées de toute interaction avec l’environnement .

Ces initiatives d’artificialisation des écosystèmes génèrent des conflits éthiques, physiques ou diplomatiques.

 

4. En 2050, des pays développés s’engagent dans des trajectoires de sobriété et démontrent que ce modèle est viable

Danemark, Finlande, Islande, Norvège, Suède, France ….
Ce découplage s’observe pour l’ensemble des ressources : biomasse, énergies fossiles, minerais et métaux et résulte d’actions concertées entre les acteurs publics, les entreprises et les consommateurs.
Le décalage entre les pays engagés vers la sobriété et ceux qui conservent un modèle productiviste s’accentue.

 

5. En 2040, les énergies renouvelables supplantent les énergies fossiles


Trois leviers ont rendu cette rupture possible :

  1. la croissance des capacités en énergie renouvelable (multiplication par 5 à 6 de la production de solaire photovoltaïque et d’éolien en 2040 par rapport à 2018),
  2. la diminution de la la consommation mondiale d’énergie alors même que la population continue de croître),
  3. l’électrification de la chaleur et du transport.

 

6. En 2040, une multiplication des crises sanitaires mondiales.

La planète enregistre une multiplication des crises sanitaires aux conséquences majeures sur l’équilibre géopolitique mondial.

Dégradation de l’environnement et de la santé humaine, promiscuité urbaine et mobilités difficilement contrôlées, apparition ou réapparition de nouveaux virus.

Les équilibres géopolitiques se restructurent autour de puissances régionales qui appliquent les mêmes mesures sanitaires à leur zone d’influence.
Les inégalités se creusent entre pays capables de protéger leur population et les autres.

 

 

CHAMP 2. LE CAPITALISME MONDIALISÉ FACE A SES LIMITES

 

7. En 2040, le commerce mondial s’est restructuré autour de 2 zones de libre-échange : monde chinois/alliance occidentale

L’économie mondiale s’est ré organisée autour de 2 grands blocs :


-BRI ( Belt and Road Initiative/nouvelles routes de la soie) associant Chine, Russie et plusieurs pays d’Europe de L’Est et d’Afrique de l’Est
-Alliance occidentale composée des États-Unis, des pays d’Europe de l’Ouest, du Canada, du Mexique (3 fois moins peuplée que l’alliance asiatique)


Plusieurs pays, (représentant 40% de la population mondiale, restent non alignés : Inde, Japon, Maghreb, Afrique de L’Ouest , Amérique Latine. Aux marge de ces groupes, subsistent des espaces de non-droit.


La coopération internationale est restreinte aux questions liées à la survie de l’humanité : réchauffement climatique, pandémies et à la sécurité.



8. En 2040, de vestes territoires se sont structurés autour de cités-régions autonomes.


C’est à l’échelle des « cités-régions » et des « villes-pays » que se prennent les décisions qui engagent l’avenir de l’humanité.
Dans les pays occidentaux, ces cités-régions rassemblent des populations de quelques millions d’habitants et contrôlent des territoires dont le rayon excède rarement une centaine de kilomètres.

Elles sont animées par des métropoles de taille intermédiaire ( 500000 à 3 millions d’habitants) ayant une visibilité internationale.

Les « villes -pays » regroupent des populations de l’ordre de 50000 à 300000 habitants et correspondent aux bassins de vie et d’emplois intermédiaires. Elles sont soit des sous-ensembles des cités régions, soit des entités indépendantes.
Ces 2 formes territoriales fonctionnent sur la complémentarité entre un pôle urbain central et une couronne rurale qui lui assure une partie de son énergie et de son alimentation.

C’est à ces 2 échelles que se prennent les décisions importantes, celles qui concernent l’urbanisme, les transports, les boucles énergétiques, les circuits alimentaires et les stratégies de résilience (économique, sociale, financière, sanitaire).

C’est sur leur capacité à maîtriser ces enjeux vitaux que ces 2 niveaux de collectivité ont fondé leur légitimité politique.

En Europe, la région Copenhague-Malmöresund est toujours regardée comme un modèle. Elle a su concilier autosuffisance énergétique et alimentaire et ouverture au monde.

En Italie le réseau des città-slow ( villes historiques de moins de 100000 habitants) développé à partir des années 2000 a servi de point d’appui pour inventer de nouvelles solidarités.

 

9. En 2040, l’essor d’une intelligence artificielle forte a reconfiguré le marché du travail mondial

 

Entre 20 et 30% des empois mondiaux sont partiellement ou totalement automatisés.
Cette évolution concerne particulièrement l’industrie manufacturière mais également l’agriculture, le commerce, la culture, le transport…


La réduction de la part de main d’œuvre dans les coûts de production permet le raccourcissement des chaînes de valeur, avec des relocalisations des productions au plus près des consommateurs.

La plupart des biens de consommation sont désormais produits, utilisés, réparés et recyclés à l’échelle des territoires de quelques millions d’habitants.

A l’inverse, les productions immatérielles sont massivement réalisées en ligne par une foule de travailleurs en concurrence à l’échelle planétaire.

Quelques professions échappent en partie à l’automatisation des tâches mais pas à la prescription algorithmique du travail (secteur des services et des soins à la personne, maintenance des bâtiments…).


Le travail humain y est très contraint par les outils numériques qui l’organisent et l’encadrent.

 

10. EN 2040, du local au global, les communs comme alternative croissance au marché et à l’État.

 

Un grand nombre de ressources sont gérées comme des communs, pour garantir leur accès au plus grand nombre tout en assurant leur préservation.
Une ressource considérée comme un commun est partagée par une communauté qui en définit les règles d’usage et de préservation, et la gère en ce sens :

 

  • -Pour les ressources locales : jardins partagés, espaces publics, quartiers et villes.
  • Pour les ressources immatérielles : connaissances, logiciels, œuvres artistiques, avancées scientifiques et techniques majeures.
  • Pour les ressources mondiales : dispositifs de protection de zones naturelles et de gouvernance partagée des ressources.


L’accessibilité et la protection priment sur l’économie et le rôle de la société civile devient déterminant dans la gouvernance de ces ressources.

 

 

CHAMP 3 – GÉOPOLITIQUE, GOUVERNANCE ET RECOMPOSITION DES POUVOIRS

Sur cette thématique, se reporter au document de synthèse de FUTURIBLES en téléchargement pour le descriptif de ces scénarios géopolitiques

11. En 2040, l’ère des guerres automatisées

12. En 2040, fin de l’OTAN, crise transatlantique et émergence de la défense européenne.


13. EN 2040, les grands enjeux mondiaux sont pris en charge par des clubs d’acteurs privés et publics

La gouvernance multilatérale étant par paralysée par les tensions entre les Etats-Unis et la Chine. Les acteurs privés ONG et entreprises pèsent de plus en plus.

14. EN 2040, les religions s’affirment comme des sources d’inspiration et de légitimation dans le champ politique.

L’ampleur des problèmes politiques, économiques, sociaux, écologiques et sanitaires incite à la quête de vision d’avenir fondées sur des principes plus solides que les jeux de pouvoir.

15. EN 2040, au nom de l’intérêt général, la surveillance de masse se banalise.

La société est profondément segmentée entre différents niveaux d’acceptation de ce troc protections/vs /libertés et vie privée.

16. EN 2040, les démocraties occidentales se sont recomposées grâce à des institutions en réseau.

 

Source: Futuribles – International - Rapport Vigie 2020

 

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